Quel avenir pour l’enseignement en RDC ?
L'enseignement en panne, faute de soutien de l'Etat
'L'Etat congolais a la charge de rétribuer les enseignants et non les parents, même s'il faut reconnaître que ces derniers participent, de façon ponctuelle, à l'éducation des enfants'', a Laurent Monsengwo, président de la CENCO.
Les évêques estiment que ce système, qui consiste à faire intervenir les parents dans le financement des études de leurs enfants, en lieu et place de l'Etat, notamment dans la paie des enseignants, favorise les enfants des parents nantis au détriment de ceux qui le sont moins. Mais, en même temps, il aggrave l'analphabétisme dans les milieux ruraux plus défavorisés, diminue l'autorité des enseignants sur les élèves et dénature les relations entre les parents et les enseignants.
''Les élèves ne nous respectent plus car ils estiment que nous vivons grâce à l'argent que fournissent leurs parents'', regrette Maurice Kabengele, enseignant dans un lycée de Kinshasa. ''Bien plus, certains parents croient pouvoir nous dicter leur façon de voir les choses, jusqu'à exercer des pressions sur nous pour que leurs enfants passent en classe supérieure''.
Les parents d'élèves sont, toutefois, divisés sur la perception du problème. La plupart d'entre eux appuient la décision des évêques d'arrêter cette pratique qui exige des parents une contribution financière pour l'éducation de leurs enfants tandis que d'autres soutiennent le contraire.
''Je me demande, à la limite, en quoi le gouvernement congolais se sentirait responsable de sa jeunesse s'il ne peut veiller à son éducation'', s'insurge Yuma Kabongo, un parent d'élève sans emploi. ''Mes trois garçons et mes deux filles n'ont pas pu étudier cette année, tout simplement parce que je n'ai pas pu payer ces frais q'on appelle aussi 'motivation des enseignants'.''
Martine Katsuva fait partie des parents qui soutiennent toujours le système. Elle a déclaré à IPS : ''Moi, je suis pour que les parents contribuent au financement des études de leurs enfants car je doute fort qu'en dehors de la déclaration du gouvernement de reprendre en charge cette contrainte, le gouvernement ait réellement l'intention de concrétiser sa promesse''.
''A cette allure, nous risquons de connaître une année blanche. C'est dur pour la poche des parents, mais c'est encore le moindre mal'', a-t-elle ajouté.
En matière d'éducation nationale, la RDC se trouve devant la croisée des chemins. La crise économique croissante, accentuée par les effets nocifs des guerres répétées et autres déstabilisations politiques, a fortement aggravé les taux de sous-emploi chez les parents d'élèves et le taux d'analphabétisme des jeunes Congolais, selon un sociologue résidant à Kinshasa.
Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), publié en août 2004, près de la moitié des enfants, âgés de six à onze ans, ne sont pas scolarisés en RDC. Le même rapport indique que 16 pour cent des enfants congolais sont aujourd'hui en situation de malnutrition aiguë. (FIN/2005)
Juakali Kambale